Les goumiers n'existent plus de nos jours, que dans la mémoire des anciens. Ils ont pourtant eu une existence bien remplie. Au fil des ans, leur nombre va augmenter, et ils vont entrer dans la seconde guerre mondiale aux côtés des alliés. Voici les principaux moments forts de leurs cinquante ans d'existence:
Nota :
- On ne confondra pas goum et goumier: "Goum" n'est pas l'abréviation de "Goumier", mais représente un groupement de goumiers.
- Le mot "GOUM" vient d'un terme arabe signifiant: troupe de milice tribale. Il visait les formations irrégulières de cavaliers de tribus placées sous les ordres de chefs traditionnels.
Naissance et régularisation :
Comme on a pu le voir dans la rubrique précédente, Origines géographique et culturelle, la naissance de ces unités d'élite remonte à 1908, avec la création de six premiers goums qui formaient une sorte de gendarmerie irrégulière assurant des missions diverses sur le territoire marocain, telles que des patrouilles ou des missions de reconnaissance. Ils subiront dans ces missions leurs premières pertes en 1910, puis entreront dans Marrakech en 1912. La création des goums est alors considérée comme un succès et ils seront régularisés cinq ans après leur naissance, en 1913, ce qui les plaça sous l'autorité militaire française.
De la première guerre mondiale aux années 39 - 45:
Les goumiers ne sont pas intervenus dans la première guerre mondiale. Cependant, ils oeuvraient activement pour la France en maintenant l'autorité française au Maroc alors que le pays se dépourvoit de ses troupes. Ils montraient que l'autorité française ne fléchissait pas. De 1918 à 1933, le contrôle des français s'étend aux régions montagneuses, ce qui entraîne une augmentation du nombre des goumiers: on passait de 25 goums en 1920 à 48 en 1933. Pendant ce temps, en 1925 - 1926, les goumiers sont engagés dans des missions contre la révolte du Rif. La composition des goums évoluent alors: certains goums sont entièrement montés à cheval, d'autres partiellement.Les officiers français sont réduits à 2 par goum, parfois un seul. En 1933, le capitaine Boyer De Latour Du Moulin est sauvé par un caporal goumier au prix de sa vie. C'est cet évènement qui semble confirmer sa fonction de futur Résident Général. Cette même année, les goumiers subiront des pertes importantes aux combats du djebel Sagho, lors de l'ultime campagne de pacification: le 34eme goum perdra la moitié de son effectif et presque la totalité de ses cadres français. On recense dix goums engagés dans ces opérations de pacification et 25 autres dans le moyen Atlas.
A l'aube de la seconde guerre mondiale, on envisage d'employer les goumiers hors du Maroc pour participer à de diverses campagnes. Ce n'est qu'en 1937 que les différents goums (plus de 57...) vont voir leur numérotation réorganisée.
L'entrée en guerre interrompue des goumiers:
A la mobilisation de 1939, on dénombre 126 goums. Les trois Groupements de Tabors Marocains (GTM) sont envoyés à la frontière Lybienne, au sud de la Tunisie. Ils participeront avec succès à l'attaque d'un poste italien du 24 au 26 juin 1940. Cependant, la France, en difficulté avec les défaites de la "guerre éclair" va signer l'armistice le 22 juin 1940. Les goumiers se trouvent alors en difficulté: ils risquent d'être désarmés. Les accords d'armistice réduisent la force militaire. Le général Guillaume décide alors de camoufler les goumiers en une force de police intérieure ("mehallas chérifiennes") pour échapper à la surveillance des commissions d'armistice. On fait face aux réductions d'effectifs en créant des "travailleurs auxiliaires" (d'autres goums déguisés).
Cependant, en fin 1941, le général Guillaume organise 4 GTM de trois tabors chacun et dix autres tabors sont regroupés dans les montagnes du Maroc où du matériel a été caché et dans lesquelles ils sont formés. On les prépare aux offensives futures. En novembre 1942, 102 goums sont prêts à entrer en campagne.
Mais cela ne suffit pas. Les Goumiers forcent encore et toujours la défense allemande. Le Garigliano est franchi et les Goumiers ouvrent la route de Rome, où les alliés entrent le 4 juin 1944. Le CEF a rempli sa mission et les généraux Clark et Alexander adressent leurs félicitations aux Goumiers du Général Guillaume. Petit à petit, le CEF est retiré du front car une autre campagne les attend.
La fin de la seconde guerre mondiale:
Les Goumiers terminèrent la guerre à Linz en Autriche, l'armistice du 8 mai 1945 venant terminer une guerre à l'Ouest assez sanglante. Les pertes des Goumiers étaient considérables, mais ceux-ci ne déploraient que deux prisonniers dans toute la seconde guerre mondiale !Ils furent rapatriés après les combats vers le Maroc, où ils ont été peu à peu remis à la vie civile. A leur arrivée, on les désarma de force, et ces hommes couverts d'honneurs et de blessures durent se soumettre aux brimades des douaniers venus les fouiller et les désarmer. Jacques Augarde, auteur du livre Tabor répondra à un gendarme lui disant qu'il faisait son métier: «Vous faites un bien joli métier, monsieur» . Mais ce n'était qu'un détail sans grande importance et les Goumiers retrouvèrent bientôt leurs douars (agglomération de tentes) couverts d'honneurs avec de nombreuses histoires à raconter.
En Indochine de 1948 à 1954 :
Mais déjà une autre guerre éclatait. La France cherchait à maintenir son emprise coloniale en Indochine. Celle-ci avait été mise à mal par les Japonais et Ho Chi Minh lançait des actions de plus en plus nombreuses. Il fallait à tout pris former un corps expéditionnaire capable d'intervenir en Extrême Orient. Bien sûr on recruta des Goumiers. Ainsi furent créés les GTMEO, ou Groupements de Tabors Marocains d'Extrême Orient .
La Structure des Troupes( 1942 à 1956):
Les troupes de goumiers marocains étaient structurées et organisées. Pendant la seconde guerre mondiale, les troupes étaient organisées en 4 GTM (Groupements de Tabors Marocains). Chacun de ces GTM comprenait plusieurs Tabors (généralement au nombre de trois), qui contenaient à leur tour 3 ou 4 goums (groupements de 200 goumiers en moyenne). A noter qu'un seul Tabor restait seul (c'est a dire qu'il ne faisait partie d'aucun GTM), le 4ème Tabor. Sinon, tous les autres faisaient partie d'un GTM. Ce schéma vous permettra de mieux comprendre l'organisation des goumiers.